Herta Müller est née en 1953 en Roumanie dans une zone Germanophone. En 2007, elle fait partie d'un échange entre l'Allemagne et La Roumanie. Elle s'installe à Berlin, 2 ans avant la chute du mur. Pendant, toutes ces années roumaines, elle a été contrainte au silence et soumise à la pression constante de la dictature de Ceaucescu. Elle sera publiée en Allemagne avec les mots qu'elle a enfermés en elle depuis des années.
La Convocation est un témoignage de la vie dans une dictature, roumaine ou autre.
L'auteur, harcelée par la police, par ses supérieurs, par ses voisins, raconte sa vie ponctuée par des convocations, pour avoir fait une mauvaise blague. Convoquée à dix heures précises, quelque soit le jour, elle se crée des rites pour affronter Albu, un commandant pervers qui lui inflige pour démarrer leur entrevue un baise-main baveux, qui lui broie les doigts. Autour d'elle, chacun essaie d'échapper à la pression à sa façon : son mari boit, sa voisine s'imagine en riche gagnante de la loterie et d'autres en meurent. Dans une écriture poétique Herta Müller dessine la vie de ces êtres qui vivent comme des fantômes, en dehors d'eux mêmes.
Pour Herta Müller la vie dans en dictature n'offre que quatre possibilités.
Je passai en revue toutes les possibilités d'en avoir assez du monde. La première et la meilleure: comme la plupart des gens, ne jamais être convoqué et ne jamais perdre la tête. La deuxième : ne jamais être convoqué mais perdre la tête comme la femme du cordonnier et madame Micu...La troisième : être convoqué et perdre la tête comme ces deux femmes que l'on avait rendues folles dans cet établissement (le commissariat). Etre convoqué et ne jamais perdre la tête, comme Paul et moi, est la quatrième.
Un beau texte écrit comme une divagation, dans laquelle parfois, nous aussi nous nous perdons.
Un témoignage universel des dégâts des dictatures. MBS
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