Le festival du film américain de Deauville a récompensé Mother and child, une comédie dramatique magnifiquement et sobrement réalisée par Rodrigo Garcia. Je n'ai vu que trois films, mais comme Emmanuelle Béart (présidente du jury) et Jeannne Balibar, j'ai été touchée par cette histoire de femmes.
En moins de 40 secondes, le film est lancé. Premier plan, deux ados s'embrassent dans une chambre, la jeune fille enlève son pull. Deuxième plan, on retrouve cette ado avec une dizaine d'autres toutes enceintes et plutôt tristes. Troisième plan de la jeune fille transpirante, accouche. Quatrième plan, on retrouve ce même visage dans une femme d'une cinquaine d'année. Elle travaille dans une maison pour personnes âgées. Elle fait son métier avec application. Dans ces premières secondes, on passe de la douce émotion du premier baiser, à l'angoisse de la grossesse précoce, au drame de l'abandon d'un enfant , au sentiment de culpabilité ineffaçable. La vie de Karen s'est arrêtée ce jour là et l'on comprend qu'elle n'a pas pu vivre, aimer, rire avec un tel poids. Elle se réfugie auprès des personnes âgées pour fuir le regard des enfants qui lui est insupportable. Tout le film est réalisé avec une grande économie de moyen. les plans sont courts, les ellipses nombreuses mais les faits se suffisent à eux mêmes. Les comédiennes (Annette Bening, la mère, Naomie Watts, la fille, Kerry Whashington, une femme en mal d'adoption) incarnent leurs personages avec tant de simplicité et d'humanité que nous nous projetons en elles instantannément. Tout comme Robin Wright dans Les vies privées de Pipa Lee(cf post du 4 janvier), Annette Bening incarne une femme d'une cinquantaine d'année, marquée par la vie et les drames. Tout comme elle, elle n'a pas peur de montrer ses rides, ses cernes, sa fragilité et c'est ce qui donne toute la force a son personnage.Il s'agit d'un drame et on en sort boulversés, mais quand le cinéma sait nous prendre comme ça, on en redemande.
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